J’ai passé un peu de temps avec la Hoka Rocket X Trail, un modèle qui a clairement été pensé pour la performance sur sentiers roulants. Une chaussure portée évidemment par Ludovic Pommeret sur la HardRock 2025, mais également, entre autres, par Thibaut Garrivier lors de sa 5e place à l’UTMB.
La Rocket X Trail n’est évidemment pas une "Rocket X 3" à crampons. Hoka construit ici une plateforme spécifique, orientée vitesse et rendement, qui s’adresse plutôt à des coureurs expérimentés. Dans l’esprit, c’est une chaussure de compétition pour les terrains compacts : pistes en terre, chemins gravel, monotraces rapides. Elle privilégie la propulsion et la cadence, avec des sensations proches de celles d'une chaussure de route. En technique engagé, elle est sans doute moins à son aise (pierriers, dévers marqués, boue).
Les caractéristiques de la Rocket X Trail
La principale nouveauté, où la Rocket X Trail se distingue de la concurrence, c’est l’utilisation d’une nouvelle technologie de mousse, du A-TPU. C’est a priori plus efficace, dans la durée, que le PEBA qui est utilisé par la plupart des chaussures de running haut de gamme (mais aussi de trail, en partie, comme évidemment la grande soeur Hoka Tecton X 3).
Les métriques :
- Poids : 248 g en pointure 42 2/3, pesée par mes soins ;
- Un stack d’environ 42 mm au talon, et 36 mm à l’avant-pied, pour un drop de 6 mm ;
- Commercialisée à 225 € catalogue ;
X oblige, l’ensemble est couplé à une plaque carbone en forme de H (pour évidemment améliorer l’efficacité de la mousse) dont les deux segments travaillent de façon partiellement indépendante. Le but est d’offrir un peu de tolérance latérale, nécessaire en trail considérant le terrain pratiqué. Le rocker est assez marqué, avec un déroulé qui devrait encore améliorer la dynamique générale.
Pour la tige. Le mesh est léger, respirant et partiellement transparent (malgré le coloris noir que je teste). Il est aussi suffisamment serré pour limiter l’intrusion des débris. La languette est très fine, avec un contrefort légèrement rembourré. On note la présence de passants pour des guêtres à l’arrière du talon, pourquoi pas.
Sous la chaussure, je suis un peu déçu qu’il n’y ait pas de Vibram, comme le fait que les crampons soient un peu trop petits à mon goût. Avec leurs 3 mm, ils sont d’abord dessinés pour le sec et les surfaces dures ou compactes.
Des crampons un peu juste pour les sentiers techniques.
Le test des Hoka Rocket X Trail
Le chaussant me paraît dans la norme Hoka, mais je recommande, si vous avez tendance à hésiter, de prendre une demi-pointure en moins. L’avant-pied offre de l’espace et je trouve que le fit pourrait être plus marqué. De la même manière, le talon mériterait d’être plus calé. Il y a toujours moyen de verrouiller en s’appuyant sur les doubles œillets du haut de la tige, mais certains trouveront l’ensemble un peu trop lâche.
L’empeigne est fine et je trouve qu’elle ventile bien et sèche rapidement après les passages dans le mouillé. Un point anecdotique, le coloris noir offre l’avantage de ne pas se salir :)
Pour une chaussure orientée performance, l’amorti est très présent à l’avant comme à l’arrière et je trouve qu’il est très confortable. La protection latérale est un peu juste pour une chaussure de trail, mais encore une fois on est ici sur une chaussure très axée perf, et je ne conseille pas de l’utiliser pour des sorties quotidiennes si vous vivez dans une région un peu caillouteuse.
Globalement, les sensations sont quasiment celles d’une chaussure de route : le pied déroule de façon très agréable, probablement du fait du rocker de la semelle. La plaque accentue l’ensemble et incite à envoyer. Au-delà, c’est clairement l’association du A-TPU, de la plaque et du rocker qui en font une super chaussure de chemins.
Je dis chemins car les crampons seront clairement un peu justes en montagne. Sur piste sèche, terre battue, gravel, l’adhérence est suffisante voire efficace. Les petits crampons étroits griffent bien dans la terre compacte. Si vous en avez les moyens, réservez cette Rocket X Trail pour l’été et/ou les sorties roulantes. Je vous conseille évidemment d’avoir d’autres chaussures plus spécifiques qui seront mieux adaptées ailleurs selon le terrain et les conditions.
Côté stabilité, le stack élevé pose toujours des problèmes mais la Rocket X Trail est très large et ça compense suffisamment. La stabilité est plus que correcte, surtout à l’allure type en ultra. Il faudra quand même rester prudent en dévers ou sur les terrains techniques en montagne. Je trouve aussi que la chaussure manque un peu de précision, du fait du chaussant qui pourrait être plus fit, comme l’arrière qui peine un peu à verrouiller le talon si vous êtes du genre à aimer avoir le pied très calé.
Je vois cette Rocket X Trail pour 2 utilisations :
- Pour des terrains très roulants si vous aimez travailler le cardio, la vitesse, au seuil, et éventuellement sur des maratrails roulants, principalement pour ses qualités dynamiques ;
- Potentiellement en ultra, pour le très fort amorti qu’elle propose. Évidemment (voire surtout) toujours si le terrain est sec et rapide, et seulement si vous avez l’habitude de courir avec des chaussures carbonées ;
Conclusion
La Hoka Rocket X Trail est, selon moi, une chaussure très typée perf pour les coureurs avertis (ou habitués à ce genre de produits), et à destination de sentiers secs, roulants et compacts. Sa mousse A-TPU, sa plaque carbone et son rocker agressif offrent un compromis rendement/amorti très convaincant, avec des sensations très proches d’une super-shoe de route. Elle montre évidemment ses limites dans la boue, ou dans les sentiers techniques, où l’accroche et la précision d’appui ne sont pas au niveau de modèles comme les Speedgoat 6 ou Torrent 4 par exemple. Je trouve aussi que le prix de 225 € est un peu élevé considérant que la chaussure ne propose ni Vibram ni Matryx, et que son usage est quand même limité au terrain et aux conditions météo.
