Le test a été réalisé en deux parties, le test terrain se trouve plus bas dans l'article.
Note, mise à jour 2024 : la nouvelle version et le test des KipRun KD900 X LD.
Kiprun s’offre donc ici un représentant de choix, ayant des objectifs tout à fait en phase avec le développement d’une chaussure de course à plaque carbone. La conception de la chaussure avait évidemment débuté plus tôt, et Y. Kowal a pu déjà courir deux semi-marathons avec des prototypes aux pieds, permettant des retours in situ à l’équipe de développement, et l'adaptation du modèle. En janvier, il a ainsi bouclé le semi de Séville en 1h03’28”, avec un proto des KD900x aux pieds. Un chrono amélioré de plus d’une minute fin mars à Lille, toujours avec les KD900X aux pieds. S'il fallait une caution "Coureur Elite" à cette KD900X, elle est toute trouvée!

Le test
Prise en main / juin 2022
Nous avons d'abord réalisé une rapide prise en main de la chaussure, alors qu'elle était encore en développement, au mois de juin. Mais déjà à l'époque, quelques éléments sont marquants. Le style, tout d’abord. Globalement sobre avec des accents colorés, très flashy, qui dynamisent l’apparence et amincissent visuellement la semelle. Les caractéristiques annoncées sont classiques dans cette gamme de chaussures drop de 8mm et poids de 220g en 42.

La plaque en carbone bien visible sur nos photos.
Malgré la présence d’une plaque carbone, développée en interne à Decathlon qui a pu faire jouer toute son expertise multi-sport sur le travail des matériaux composites, la chaussure reste flexible - pour une chaussure à plaque! Là où une Hoka Carbon X 3 ou la toute nouvelle Altra Vanish Carbon sont impossibles à plier à mains nues, on parvient à trouver un point de flexion sur le modèle nordiste. Cela pourrait être de bonne augure pour conserver un peu de naturel dans la foulée, souvent très dirigiste des autres chaussures à plaque, et probablement étendre le spectre d’utilisation de celle-ci.
La semelle intermédiaire en mousse PEBAX (du même type que celle des Saucony Endorphin Pro/Speed) a été développée en partenariat avec Arkema, spécialiste de ce genre de matériaux. Au toucher, elle semble combiner amorti (i.e elle se compresse relativement facilement) et retour d’énergie (elle “renvoie”, sensible sur les points de pression).

Chose intéressante, qui fait partie des impératifs de design de Kiprun, elle est annoncée pour une durée de vie de 1000 km avant de perdre sensiblement ses propriétés. Si cela s’avère réel, c’est un sacré coup de pied dans la fourmilière des chaussures de ce type, qui souvent s'affaissent après 400km…
Le test terrain des Kiprun KD 900X
Été 2022 !
Nous avons pu tester la KD900x sur une période plus longue que d'habitude, ayant eu la chance de l'avoir en amont de sa sortie. Une fois en course, c'est l'impression de fermeté qui frappe de prime abord. Ce n'est pas un manque d'amorti, la chaussure en a à revendre, simplement celui-ci est ferme, plus encore que sur l'Asics MetaSpeed Edge+ que nous avons récemment testée.

Le désavantage, c'est que l'on pourrait craindre que la chaussure ne tape sur les longues distances : ce n'est heureusement pas le cas, la semelle amortit bien et filtre bien les chocs au sol. On y perd aussi en sensation de rebond, de retour d'énergie, une caractéristique que nous avions trouvée agréable sur la Saucony Endorphin Pro 3 par exemple.
Le feeling est plus proche des “racing flat” à la mode il y a seulement quelques années, comme une Adidas Adios, mais avec un amorti incomparable. Il faut donc s'employer, aller chercher la chaussure afin de bénéficier de la propulsion propre à ce type de modèle. Il faut insuffler de l'énergie dans sa foulée pour bénéficier du retour d'énergie de la mousse et de la plaque. La chaussure est moins facile qu'une Nike Vaporfly par exemple, moins grisante du fait de cette absence de rebond.

Elle plaira plus aux coureurs qui aiment les semelles fermes, et leur permettra de bénéficier de la stabilité inhérente à ce type d'amorti : la mousse ne s'affaisse que très peu, grâce à sa densité et à la plaque carbone : la foulée est donc très stable, sans nécessiter de renforts. Même au talon, malgré son étroitesse et la hauteur d'amorti, la KD900x a un comportement sain. Nous avons trouvé qu'elle se comportait bien sur des intensités plutôt hautes, disons du 10km au marathon.

L'accroche ne souffre d'aucun reproche : la semelle externe se joue des routes humides sans souci, et s'est même avérée sécurisante sur des pierres lisses humides. La gomme fait un peu penser aux semelles Continental des Adidas, avec les mêmes qualités d'accroche et de durabilité, et le même petit défaut de rigidité: la chaussure "claque" au sol.
Bémol du côté du talon : malgré plusieurs essais de laçage, celui-ci a toujours manqué d'un peu de maintien et a tendance à bouger en course. C'est assez limité, moins sensible que sur les Asics MetaSpeed Edge+, mais présent.
Dernier point sur lequel Decathlon était attendu, le tarif. Et la KD900x devrait aussi chambouler le marché, puisque le prix attendu est de 150€ lors de la commercialisation prévue "pour la rentrée". Notez aussi la nouvelle version de la chaussure avec le test des KipRun KD900 X LD.