Brooks, née aux USA, est l’une des marques de sport les plus anciennes. Bien ancrée depuis longtemps dans le monde du running, elle semble depuis 2 à 3 ans vouloir encore accélérer dans l’univers du trail, en suivant le fort développement de ce sport et en ayant signé quelques athlètes de renommée ou en devenir. Côté matériel, on connaît quasiment tous la Cascadia 18 qui est connue comme la paire emblématique de la firme US, mais un autre modèle s’est fait un nom depuis 2020 dans le paysage de la course en sentier : la Catamount. Plus nerveuse et légère, la chaussure revient avec une version 4. Voyons à travers ce test ce que cette nouvelle fournée nous propose !
D’une identité nerveuse à un cap tout-terrain
Jusqu’à aujourd’hui je n’avais encore jamais eu l’occasion de chausser la marque, bien que beaucoup de monde autour de moi en ait fait son partenaire de bataille. Et j’en ai souvent eu de bons échos.

Renseignements pris, la Catamount est apparue dans la gamme Brooks afin de proposer une chaussure dynamique, presque inspirée des modèles dédiés à lécher l’asphalte, pour courir vite dans les sentiers. Donc un modèle plutôt dédié aux trails courts ou aux maratrails si l’on se fie à cette description. D’ailleurs son appellation ne s’y trompe pas puisqu’elle symbolise la contraction de “cat of the mountain”, le puma des rocheuses. Le décor est planté.
Et si le puma ne recherchait plus seulement que la vitesse !
À la lecture du menu de cette Catamount 4, on sent que Brooks a voulu marquer une étape dans l’évolution de son modèle. La performance est toujours au centre du jeu avec l’intégration d’une plaque “SkyVault” afin de nous proposer une propulsion optimisée et de concurrencer la Tecton X 3 de chez Hoka par exemple. De quoi nous voir dévaler les chemins ! Sur le papier en tout cas.

Mais pour notre confort et pour ne pas proposer une chaussure trop rigide, Brooks lui a associé un nouvel ingrédient avec une mousse “super critique” (la DNA Flash v2 infusée à l’azote pour plus de légèreté) censée nous offrir un amorti optimisé. Elle a d’ailleurs continué sa période de croissance au niveau de la semelle en prenant 2 mm par rapport à ses grandes sœurs, mais en conservant son drop 6 (28 mm sur l’avant pour 34 mm sur l’arrière). C’est top, on va pouvoir aller vite et longtemps alors ! Enfin, pensez quand même à vous entraîner un peu.
Côté tige, comme quasiment tous les modèles, on nous promet respirabilité et durabilité avec l’utilisation d’un mesh TPEE. Pas d’appel au tissu Matrix ou autres ici. Pour vérifier cela, il faudra sans doute quelques mois d’utilisation, quoique je connaisse quelques paires dont je tairai les noms qui me proposaient des aérations supplémentaires après seulement quelques kilomètres.

Côté poids, on est sur une chaussure qui pèse 275 grammes en pointure 42,5. Ce qui est un peu lourd, je trouve, pour une chaussure se voulant rapide. Une Tecton X 3 (259 grammes) ou une S/LAB Genesis (269 grammes) sont par exemple plus légères alors qu’elles me semblent vouloir plus jouer la carte de la polyvalence de distances. Un signe sans doute de la nouvelle direction que semble vouloir prendre cette Catamount 4.
Lookée et racée !
Dès que j’ai sorti la chaussure de la boîte, au premier regard j’ai tout de suite trouvé qu’elle adoptait les codes d’une chaussure de route ! J’ai même relu l’étiquette pour être sûr que c’était bien une Catamount dédiée au trail ! Habitué à voir des chaussures plutôt “brutes” dans leur apparence au sein du monde impitoyable du trail running, j’ai été étonné par ce choix plus “racé” et ce design que je pourrais parfaitement imaginer aux pieds des gazelles qui courent à 20 km/h (voire plus) sur le bitume.

Je n’ai noté aucune couture sur la chaussure, si ce n’est sur le contrefort du talon, ce qui amplifie l’impression évoquée ci-dessus mais qui limite aussi les zones de fragilité. À condition que le mesh se montre performant niveau résistance et solidité. Concernant ce dernier, malgré son apparence légère, il se montre quand même beaucoup plus épais au toucher et laisse transparaître une impression de robustesse bien nécessaire pour affronter les divers obstacles que nous proposeront nos sentiers adorés.
La tige est plutôt sobre et dépouillée de détails si ce n’est un motif dessiné dans le mesh (plus visible sur certains coloris que celui que nous avons eu entre les mains) et les noms et logos de Brooks.
Côté renfort, la Catamount 4 se dote d’un pare-pierre très souple sur l’avant, d’une taille relativement modeste, qui me laisse penser aux premiers abords qu’il ne faudra pas trop se frotter à des chemins très ou trop techniques (adieu la Diag’ ou l’Échappée Belle). Après, la Catamount n’a pas été créée pour ce genre de course à l’origine. Pas d’autres renforts recensés si ce n’est une petite zone sur l’intérieur qui semble plus avoir été placée là pour accueillir l’appellation de la chaussure.

Côté laçage, pas de fioriture avec un système classique à œillets qui vient se poser sur une languette très fine, extensible et élastique pour nous assurer sans doute un bon confort et un bon maintien. À noter une sorte de boucle au milieu permettant de bloquer ses lacets pour éviter qu’ils ne se défassent ou se bloquent dans une branche. Assez ingénieux et logique ! Le contrefort est lui très neutre et n’intègre aucun détail ni même une lanière d’enfilage. Rien à signaler ici.
Si on descend encore pour arriver à la semelle, qui est la plus grosse source d’innovation de cette version 4, on peut voir au toucher que la mousse est effectivement assez molle. On peut assez aisément enfoncer ses doigts, ce qui semble en effet nous proposer un bel amorti. Côté taille, je la trouve assez généreuse. Mais sans être extravagante. De toute façon, que ce soit sur route ou trail, j’ai l’impression qu’à part chez certaines marques qui font encore de la résistance, ça devient la norme. Il n’y a qu’à voir l’impression visuelle laissée par la dernière Ultra Glide 3 de Salomon ! Les chaussures de trail Hoka ont vraiment fait des adeptes !

Là où j’ai été le plus étonné, c’est lorsque l’on retourne la chaussure. J’ai de suite trouvé les crampons de la semelle extérieure très “légers” si l’on peut dire. On trouve un pattern de petits chevrons (quoique la forme ne soit pas complètement définie) assez espacés et surtout pas très hauts (3,5 mm maximum). Je me suis tout de suite dit que cette chaussure ne passerait pas super bien sur des terrains humides ou même sur de petites zones boueuses, ou même sableuses et poussiéreuses. Pour ce qui est de sa composition, Brooks ne s’est pas associé à Vibram, comme bon nombre de firmes aujourd’hui, mais utilise le caoutchouc appelé TrailTack Green, construit à partir de 25 % de matériaux recyclés.
Le test terrain des Brooks Catamount 4
Je le répète à chaque fois, mais avant de partir gambader dans les sentiers, j’aime toujours porter la chaussure une journée afin de me faire un premier avis sur le confort, le maintien, sans qu’il soit biaisé par la fatigue d’une séance, la météo ou autre.

Côté enfilage, rien de spécial à mentionner. Même s’il n’y a pas de lanière pour nous aider dans cette manipulation, la chaussure s’enfile facilement du fait de son laçage simple et de sa languette extensible et élastique.
Ma première impression une fois les pieds en place ? Brooks, ça chausse étroit ! Ayant le pied un tout petit peu large, j’ai l’impression que c’est la marque la plus fittée que j’ai testée jusqu’à là. En tout cas, ce modèle ! Même Salomon ou Nike ne m’avaient pas laissé ce sentiment. Mais en contrepartie, le maintien et la stabilité sont de mise.
Pour ce qui est du sizing, j’ai trouvé que cette Catamount taille assez grand. J’ai l’habitude de prendre 1,5 pointure supplémentaire pour anticiper le gonflement des petons et éviter les charmants ongles noirs. D’autant que l’été et la plage arrivent ! Mais je pense qu’au final, 1 pointure aurait été suffisante sur ce modèle.

En mouvement, les premiers pas se montrent agréables. La chaussure bascule bien vers l’avant, ce qui laisse présager une belle propulsion lorsque l’on passera la seconde sur les sentiers. Côté confort, on ne sent pas trop de rigidité à la marche malgré la plaque, ce qui veut dire que la mousse fait le job. Et elle le fera sans doute davantage après quelques sorties, ce qui nous fait rêver sans appréhension aux nombreux kilomètres à venir !
Le test de vérité sur le terrain le confirmera ou non, mais je sens lors de ce premier essayage que cette chaussure pourra passer aussi sur des longues distances et un nombre conséquent d’heures à se promener avec. Comparé à une Altra Superior ou une Salomon S/LAB Pulsar 3 vraiment dédiées pour le court et rapide, on sent ici que la Catamount 4 a mis aussi un accent sur l’amorti et le moelleux pour permettre qu’elle soit notre compagnon pour des aventures plus longues.
Après quelques centaines de mètres accompagnés par ces nouvelles Catamount, je trouve finalement à la foulée une légère rigidité de la semelle, sans doute liée à la plaque, qui apporte en contrepartie un beau dynamisme ressenti dès le début. Je vous rassure de suite, après quelques kilomètres cette sensation (la rigidité, pas le dynamisme !) s’est atténuée. Est-ce que mon pied s’est habitué rapidement ou est-ce l’amorti qui commençait à se faire à mes foulées ? Dans les deux cas, c’est un bon point.

C’est un peu la même chose que j’ai sentie au niveau de l’étroitesse de la chaussure. Au départ, j’ai eu l’impression que mon pied était vraiment compressé (j’ai un pied un peu large, je le répète), un peu comme lorsque l’on serre trop ses lacets. Mais la sensation s’est très vite évaporée.
Une fois passé ce pêle-mêle de premières sensations, il est temps de voir ce qu’elles ont sous le capot. Et autant dire que j’ai eu une bonne surprise ! Malgré la promesse d’une chaussure dynamique, j’avais un peu peur qu’elle ne remplisse pas trop ses fonctions. Erreur de ma part ! La foulée est agréable et la propulsion se fait très bien. La plaque fait bien son job et optimise le rebond sur les parties roulantes et rapides.
Une fois qu’on entame les parties sérieuses composées de singles et de passages plus techniques peuplés de cailloux ou de portions de plages habillées de galets, idem : la satisfaction est de mise. Cette Catamount 4 se montre précise dans la pose de pied. Je ne dirais pas qu’on sent bien le terrain, car on a quand même un couple plaque et amorti généreux, mais ça ne m’a pas gêné pour jouer avec les difficultés du terrain.

Si on fait le compte de tout ça : dynamisme sur le roulant et précision dans le technique, on obtient une bonne recette de polyvalence au final. On l’avait senti dès le départ ! Je n’ai pas eu l’occasion de la tester dans des parties humides, car les sentiers ont bien séché. Ça pourrait bien être là son talon d’Achille.
Après ce test où j’ai été assez séduit par cette première aventure avec Brooks, je pense vraiment que cette chaussure sera parfaite pour des distances allant de 25/30 kilomètres au maratrail, voire un peu plus. Elle sera aussi peut-être quand même un poil plus performante dans des terrains rapides et pas trop techniques où je privilégierais personnellement des chaussures plus « rustres ». Pour l’ultra ? Pour ma part, je n’irais pas dessus avec, sauf à changer en cours de route pour une paire plus moelleuse après une première partie plutôt rapide, ou alors sur des parcours dits roulants type Ultra Marin. Mais je pense quand même qu’à la fin d’une telle distance, le dynamisme de la chaussure, qui se montre un point fort, ne sera plus vraiment utile au vu de la dégradation de la foulée.

L'avis RunMag
Pour un premier flirt avec la marque américaine, il est plutôt agréable. Comme évoqué précédemment, je n’avais encore jamais usé mes foulées avec une paire de Brooks. Peut-être que j’aurais dû, car après de premiers a priori visuels sur le fait que cette Catamount 4 avait plus des allures de chaussure faite pour l’asphalte, j’ai fait une belle découverte en l’emmenant sur les sentiers.
Dynamisme sur les parties où l’on peut envoyer, précision dans les passages délicats, amorti agréable pour gérer la fatigue : le mix est alléchant et plutôt réussi pour passer de beaux moments dans les chemins ! Même si je pense qu’elle pourra peut-être manquer un peu d’accroche dans les passages boueux ! Un modèle sans doute plus à sortir aux beaux jours que dans la grisaille hivernale. Du trail court au maratrail, voire un peu plus pour les gourmands de la borne, cette paire saura s’imposer comme un excellent allié. D’autant plus sur des parcours plutôt roulants et pas trop techniques. Pour les formats allant au-dessus de 100 kilomètres, ça sera à juger avec vos habitudes, mais je pense que la chaussure pourra avoir un petit manque de confort, voire de robustesse.

Côté portefeuille, il vous en coûtera 170 € pour acquérir cette Catamount 4. Un budget, certes, mais une paire qui s’inscrit dans la moyenne de prix actuelle et qui a même au final un bon rapport qualité-prix au vu de la technologie qui se cache dans sa semelle. Pour conclure, je dirais que cette Brooks Catamount 4 est une très bonne chaussure si vous voulez vous amuser dans les sentiers, voire même y performer !