La différence avec sa notoriété outre-Atlantique est étonnante, tant la marque est omniprésente aux États-Unis depuis sa création en 1996. Équipementier officiel de la ligue de Baseball, contrats avec de multiples équipes de football américain, de basket (dont S. Curry), la marque a aussi dans son escarcelle de nombreux sportifs individuels dont le nom est évocateur : Lindsay Vonn, M. Phelps… ou encore The Rock qui dispose de sa propre ligne. Difficile de faire plus éclectique, et on voit bien qu'aux États-Unis, UA joue dans la même cour que Nike… sauf dans le running performance.
Mais arriver avec 2 ans de retard sur un secteur devenu primordial pour l'image de marque n'est pas chose aisée. Surtout avec le déficit de renommée dont souffre UA dans le running.
C'est donc à l'occasion du lancement de leur premier modèle de "super chaussure" avec une mousse PEBA et une plaque carbone, la Velociti Flow Elite (que nous sommes en train de tester), qu'Under Armour nous a présenté sa stratégie pour se faire une petite place dans le running et essayer de mieux se faire connaître.
Les athlètes comme socle
L'historique de la marque est typique d'une success story à l'américaine : deux jeunes amis commencent leur business de vêtements de sport au domicile de la grand-mère de l'un d'eux. Un premier contrat pour 17 000 dollars la première année, un déménagement pour gagner un peu de place, puis tout s'accélère. Une première entreprise investit 12 M$ dans la marque en 2003, entre en bourse 2 ans plus tard avec une levée de fonds de 153 M$.
Après avoir vu certains de leurs athlètes partir chez la concurrence, ou simplement cesser leur contrat pour pouvoir courir avec des chaussures "carbone", Under Armour s'est donné comme objectif de devenir compétitif sur le secteur des "super chaussures", en s'engageant avec les quelques coureurs restés fidèles : leur but était de leur fournir, avec leur aide, une chaussure qui ne les pénalise pas… ou du moins ne les désavantage pas par rapport aux Vaporfly ou Adios Pro qui trustent les premières places des grands rendez-vous : c'est leur projet "Lightspeed".
Nous avons pu discuter un peu de cela avec Stephen Scullion, marathonien Elite irlandais. Je vous invite d'ailleurs à creuser un peu son histoire, très intéressante et éclairante quant à l'investissement que demande d'embrasser une carrière d'athlète Elite, les choix qui se posent, et les périodes sombres dans lesquelles on peut rapidement tomber. Quoi qu'il en soit, le garçon a un record sous les 2h09 et vise donc la qualification pour les JO de Paris.
Après un bon début de carrière, quelques états d'âme, une pause pas très saine, il a simplement quitté son Irlande natale pour aller à Flagstaff avec le team Dark Sky Distance, entraîné par Stephen Haas, sans réel point de chute, a travaillé, pour finalement obtenir un contrat avec UA et participer avec eux à la création de la Velociti Elite. Et viser la qualification aux prochains JO. L'histoire est belle.
La chaussure est développée sur trois pôles différents : à Baltimore, berceau d'UA où sont conduits les tests techniques, à Portland pour le design, et enfin à Flagstaff, lieu connu des trailers américains, où le groupe d'athlètes s'entraîne et valide les prototypes.
La validation finale de la chaussure sera effectuée par le mari d'une employée de la marque, J. Tropff, infirmier au quotidien, qui bouclera les marathons de Baltimore, Chicago et Boston… sur 3 jours consécutifs, chaussé de la Velociti Elite (chaque marathon sera couru autour de 2h30…). L'idée étant aussi de valider la capacité de la chaussure à faciliter la récupération, un des points primordiaux des racers modernes.
Le dernier coup d'éclat viendra de la victoire de Sharon Lokedi sur le marathon de New York en 2022, chaussée d'un modèle né sous les meilleures auspices.
Derrière la Velociti Elite
L'idée qui a guidé la conception de la Velociti Elite était de pouvoir proposer une chaussure qui soit efficace comme ses concurrentes, mais qui puisse aussi accompagner sans trop de souci les coureurs moins rapides, qui ont une foulée moins propre, qui fatiguent en fin de marathon… bref, la plupart des coureurs qui peuvent courir jusqu'à 3h sur un marathon. UA ne voulait pas faire une chaussure exclusive.
Ils ont donc travaillé sur la plaque carbone, qui n'est pas aussi rigide que sur d'autres modèles, par exemple. La combinaison des mousses utilisées dans la semelle intermédiaire permet aussi d'assurer un peu de stabilité, tout comme l'avant-pied assez large. La durabilité a aussi été un des critères pondérant les décisions lors du développement de la chaussure.
Nous reviendrons plus en détails sur ces aspects dans le test dédié à cette Velocity Elite, mais il faut garder en tête que le travail d'Under Armour visait à rendre son modèle de course accessible. Un terme que Doug Smiley, à la tête de la division Running Performance d'Under Armour, a souvent répété pendant sa présentation.
Under Armour propose déjà une compagne d'entraînement idéale à sa chaussure carbone, la Velociti Wind Flow, et compte bien profiter de la sortie de la Elite pour créer un effet halo et se faire un peu plus connaître du grand public comme une marque ayant une proposition intéressante dans le running… et le trail.
Voir aussi :
- Notre test des Under Armour HOVR DS Ridge TR
- Notre test des Under Armour Hovr Mega 2 Clone
- Notre présentation des Under Armour Flow Velociti Wind