Avant d'aller plus loin, nous en profitons pour annoncer le lancement de notre comparateur rundeals.fr qui liste (en particulier) les bons plans sur les Asics MetaFuji Trail. RunDeals, un service développé par RunMag !
250€, c’est désormais le tarif qu’il faudra débourser si l’on veut obtenir le “top” des chaussures de trail, qui revêtent le même équipement que leurs sœurs routières. Mousses supercritique, plaque carbone (ou fourche carbone, plus souvent), tige ultra légère, le tout pour un poids contenu. Si l’on ne doute dorénavant plus trop de l’avantage apporté par ces attributs sur la route, la question reste plus floue sur les trails, encore plus quand la technicité du terrain augmente. Voyons si ces MetaFuji Trail, développées avec le coureur Asics Andreu Simon, parviennent à transposer les qualités de ses composants en atouts effectifs sur les sentiers.

Présentation détaillée des MetaFuji Trail
La première chose qui saute est évidemment le stack assez imposant de ces chaussures. 44mm au talon, 39mm à l’avant-pied, pour donc un drop de 5mm. Le modèle est imposant, c’est certain. L’impression est renforcée par une empreinte au sol assez mesurée, surtout au niveau du talon. A priori, la stabilité de ce côté-là ne sera pas un point fort de la MetaFuji.
On retombe sur des largeurs plus classiques à l’avant, pour au final une silhouette qui n'est pas sans rappeler les Adidas Agravic Speed Ultra, elles aussi (très) étroites au talon, au medio, pour finalement offrir une large “plateforme” à l’avant-pied, orientant très tôt vers le type de foulée à favoriser. Et ces Agravic, pourtant déjà hautes perchées, ont 5mm de mousse en moins dans la semelle intermédiaire.

L’approche est différente des Tecton X3 ou des Vectiv Pro II, qui offrent une répartition plus équilibrée sous le pied, et qui seront un peu plus faciles à appréhender pour les coureurs.
Cette épaisse semelle est composée de deux couches de mousses différentes, qui prennent en sandwich une plaque carbone scindée en deux à l’avant, afin de limiter un peu la rigidité en torsion et en flexion, peu compatible avec la pratique sur sentiers.
Au contact du pied, on retrouve la mousse FF Turbo, la mousse “haut de gamme” de chez Asics que l’on retrouve sur les dernières MetaSpeed Paris. Plus moelleuse, avec plus de rebond, elle doit donner une sensation de confort au coureur, alors que la mousse FF Blast+, de l’autre côté de la plaque carbone, est elle un peu plus ferme et doit stabiliser les poses de pied.

On le voit bien sur le profil des chaussures, leur répartition évolue entre l’avant-pied où la FF Turbo est majoritaire, et le talon, où les épaisseurs respectives s’inversent. La théorie voulant que le surplus de mousse plus ferme au talon apporte plus de stabilité… on verra si cela se conforme dans le test terrain.
La tige est assez simple, presque épurée, et je la trouve très racée, avec des graphismes qui rappellent à la fois l'outdoor et la performance. C’est pour moi une réussite visuelle.
Son ajustement est aussi très bon, le pied est bien enveloppé et maintenu, sans artifice particulier comme une guêtre intégrée, en chaussant façon “chausson” ou un laçage rapide. Elle reprend le même matériau que les MetaSpeed de route, MotionWrap, dans une version évidemment renforcée pour le trail. L’empeigne reste fine et aérée, et maintient parfaitement le pied, grâce entre autres à une coque talonnière elle aussi bien formée, et au rembourrage présent mais raisonnable au niveau du collier de pied et contre le talon.
On retrouve les mêmes lacets que sur les sœurs routières : fins et texturés, comme crantés, et on hérite donc des mêmes qualités : des lacets qui tiennent bien, et assurent un serrage précis, en dépit des passants qui les laissent librement coulisser. Il sera plus délicat d’ajuster finement le serrage sur des zones précises, comme on peut le faire quand les œillets retiennent les lacets, mais je n’ai pas trouvé cela gênant ici, en particulier grâce au bon ajustement général de la chaussure : je n’ai pas eu besoin de jouer avec les lacets pour compenser un chaussant qui serait trop large.

J’apprécie le petit élastique vers l’avant du pied qui permet de ranger les lacets une fois ceux-ci faits, afin d'éviter qu’ils ne bougent trop. Je l’aurais encore plus apprécié s'il avait été un étage plus haut afin d’être plus facilement manipulable et mieux retenir les lacets qui arrivent tout juste en dessous.
La languette est assez fine avec un peu de rembourrage aux bons endroits. Son matériau un peu collant fait qu’elle ne glisse pas sous les lacets. Son seul défaut étant d’être un peu courte, surtout si l’on utilise le dernier œillet.
Enfin, la semelle externe est équipée de crampons que l’on qualifiera de polyvalents : environ 3.5mm de hauteur, un motif en étoile classique chez Asics, le seul point d’étonnement vient de leur espacement : il y a peu de crampons, y compris sur la large surface à l’avant du pied. C’est un peu opposé à ce que l’on retrouve habituellement sur des semelles trail “passe-partout”, et j’ai du mal à trouver une autre explication à cela que le gain de poids. La gomme utilisée est bien sur l'Asics Grip, qui, dans mes expériences passées, m’a toujours convaincu que ce soit par son adhérence ou sa durabilité.
Enfin, le poids que l’on pourrait craindre de voir s’envoler vu le volume apparent de la chaussure reste en réalité très contenu, avec 273g en 44.5. Soit précisément le même poids que celui observé sur mes Tecton X3 ou SLab Genesis pour la même pointure.
Le test des Asics MetaFuji Trail !
Premières impressions
J’ai déjà un peu vendu la mèche dans la présentation générale, mais le confort de la MetaFuji est très bon. L’empeigne est confortable, l’ajustement est bon, le pied est bien maintenu grâce aussi à un laçage efficace. Visuellement, j’aime beaucoup le coloris et les motifs de la tige qui parviennent à alléger et dynamiser une silhouette pourtant massive.

En marchant, la première impression positive laisse place à quelques questions. La mousse semble un peu molle et la stabilité, en particulier au talon, est très limitée. L’équilibre est précaire, et l’on sent d’ores et déjà qu’il faudra savoir garder une foulée efficace, portée vers l’avant, pour bénéficier des qualités de la chaussure et de son rocker très marqué devant facilitant le déroulé du pied. On se sent haut perché… et on l’est vraiment. Quasiment 5cm de plus, c’est assez troublant.
Les Asics MetaFuji Trail sur le terrain
L’analyse statique et les premières impressions se confirment sur le terrain, pour le meilleur et pour le… moins bon.
Le maintien du pied, tout d’abord, est excellent. Le coup de pied est bien enveloppé et le pied ne glisse pas dans la chaussure, malgré la large place à l’avant. Le talon, de la même manière, est bien installé à l’arrière de la chaussure et ne se soulève pas dans les fortes pentes.
Je n’ai remarqué aucun point de pression particulier, pas de point dur sur l’empeigne, de couture qui viendrait frotter. Les lacets remplissent parfaitement leur office sans devoir les serrer excessivement et ne se défont pas. L’ensemble est simple et efficace, une approche parfois oubliée.

Le second point très positif, et celui pour lequel la MetaFuji est très attendue : le dynamisme. Malgré la sensation de fermeté, de densité de la mousse, la MetaFuji offre un dynamisme de premier ordre, que je qualifierais de très “sain” : le rebond n’est pas excessif et la mousse n’est pas trop molle, on s’enfonce assez peu dedans, au contraire d’une Tecton X3 par exemple. Alors oui, c’est moins “bluffant” de prime abord, mais dans les faits, ce n’est pas moins efficace. Et on gagne en précision, presque en confiance dans mon cas : les réactions de la mousse sont plus mesurées, on est moins surpris par le rebond presque excessif d’autres modèles. C’est une approche que je préfère, que je trouve plus simple à appréhender dès que le sentier se durcit un peu, que les poses de pieds sont rendues moins propres par la présence de racines, de cailloux.
Le sentiment général est celui d’une mousse ferme, et l’épaisseur très généreuse évite évidemment toute sensation de taper au sol. Sur les parties roulantes, c’est plus le profil de la semelle, très incurvé vers l’avant, qui va jouer un rôle important : on est réellement porté vers l’avant, le déroulé du pied est accompagné, et la sensation qui revient le plus est celle de facilité. En regardant certains chronos a posteriori, il semblerait que cela soit aussi très efficace.
Comme souvent avec les chaussures de trail “carbone”, les ascensions sont pas mal facilitées : la combinaison des mousses à haut retour d’énergie et des plaques qui renvoient beaucoup en flexion permet de garder du rythme lorsque l’on monte en petites foulées, avec une économie musculaire à la clé. C’est un retour bien évidemment subjectif, mais que j’ai ressenti avec différents modèles de ce type, et donc aussi sur la MetaFuji Trail. Sur cette dernière, l’adhérence offerte par la gomme Asics Grip permet en plus de limiter les dérapages.

Les semelles Vibram sont souvent portées aux nues pour leurs qualités, réelles et éprouvées, mais je trouve que le matériau de chez Asics ne souffre pas la comparaison avec des qualités proches, et même une sensation plus douce surtout pendant les premières dizaines de kilomètres. Ici, le cramponnage particulier ne m’a jamais posé de souci, que ce soit sur terrain sec mais aussi dans les conditions plus humides que l’on connaît actuellement. L’adhérence sur roche ou racine humide est sûre, et l’ensemble formé avec le rendu de la mousse est sécurisant.
Mais les choses se gâtent malheureusement dès que l’on aborde des terrains plus techniques, moins réguliers, et où il sera difficile de profiter des atouts techniques de la chaussure. En fait, dès que l'attaque commencera à se porter plus sur l’arrière de la chaussure et son talon très étroit, toute l’assurance que l’on pouvait avoir se retrouve ébranlée.
La mousse s’affaisse beaucoup au talon, et combiné au stack (trop ?) généreux, l’instabilité de la MetaFuji devient rapidement handicapante. Pour un Elite, le problème ne se posera peut-être pas, mais pour le trailer commun, cela limite, à mon sens, le spectre d’utilisation d’un tel modèle aux terrains plus roulants. De même, il faut pouvoir conserver une foulée medio ou avant-pied pendant de longues heures si l’on veut pouvoir profiter des avantages de ce modèle, tant on perd rapidement en efficacité avec une attaque talon, et donc aussi en stabilité. Alors que c’est justement dans la durée que ce type de chaussure devrait pouvoir accompagner les coureurs, quand la fatigue s’installe et que la foulée se dégrade.
Notre avis sur les MetaFuji Trail
Si la MetaFuji Trail est une réussite technique, en portant les atouts des MetaSpeed de route sur les chemins, le choix d’avoir une empreinte si limitée au talon, couplée à un stack aussi élevé, la limite un peu dans l’utilisation que l’on pourrait en faire.
Indéniablement efficace et plaisante sur les sentiers roulants, dotée d’un maintien excellent, d’une mousse ferme mais réactive avec un rocker très efficace, elle perd de sa superbe dès que la foulée se dégrade ou que le terrain se complique, et qu’il devient difficile de maintenir une attaque par le tiers avant de la chaussure. Il faudra choisir en connaissance de cause.
On a aimé
- Le dynamisme
- Le poids contenu
- L’accroche
- Le maintien
- La facilité à dérouler
On a moins aimé
- La stabilité à l’arrière
- Le prix, toujours...
Pour terminer, nous vous suggérons de tester notre comparateur rundeals.fr qui liste (en particulier) les bons plans sur les Asics MetaFuji Trail. RunDeals, un service développé par RunMag !