Le test complet des Altra Lone Peak 9+, un truc en plus !

La Lone Peak, c’est un peu le marronnier des amoureux de la marque spécialiste du drop zéro. Cette chaussure, qui a fait ses preuves et s’est imposée au fil du temps comme une valeur sûre, revient pour une 14ᵉ version (oui, il y a eu des versions intermédiaires) avec une nouveauté cette année : l’intégration d’une mention "+". (Apple aurait-il donné des idées aux bureaux de Denver ?) Voyons ce que cela implique dans notre test complet et si cette dernière-née nous apportera son lot d’innovations.

Disons-le tout de suite, nous avions été légèrement surpris l’an dernier par le manque d’évolution entre la version 8 et sa prédécesseuse, la Lone Peak 7. On sentait que la marque avait joué la sécurité en poursuivant la direction prise depuis la version 6, qui, à mon avis (en tant qu’utilisateur assidu d’Altra ces dernières années), avait marqué un véritable tournant par rapport aux modèles précédents. Mais cette année, pas d’excuse : les aficionados attendaient un peu de nouveauté pour cette chaussure, qui s’est imposée, pour peu qu’on supporte le drop zéro, comme un excellent modèle dans le paysage du trail running.

Les Altra Lone Peak 9+

Alors, spoilons immédiatement : pour cette édition, la marque fondée par Golden Harper et Brian Beckstead a décidé d’associer son modèle phare à la "petite entreprise" du nom de Vibram, comme elle l’avait déjà fait sur la Altra Mont-Blanc.
À mon humble avis, même si je n’en suis pas complètement sûr, voici la signification de ce fameux "+" : l’abandon de la technologie MaxTrac au profit de Vibram ! Mais ne vous arrêtez pas là, il y a sans doute d’autres choses à dire ! Les bases étant posées, reste à savoir si cette nouvelle Lone Peak a su évoluer sans se réinventer complètement, tout en conservant les éléments qui ont fait son succès.

Altra Lone Peak 9+ vu de côté

La Lone Peak 9 +

La Lone Peak 9+ : demandez le menu

Disons-le d’emblée, le maître-mot reste la polyvalence. Maintenant que les adeptes du drop zéro et de la large toe box sont rassurés, voyons ce que nous a concocté la marque américaine pour son modèle phare.

Altra Lone Peak 8, vue latérale

La Lone Peak 8 ci-dessus

On commence par une petite déception. Le modèle est annoncé à 327 grammes (295 grammes constatés), alors que la version précédente affichait 303 grammes (285 grammes constatés). Étrange, ces différences chaque année... Ce n’est pas dramatique, mais c’est dommage dans un monde où la chasse au poids est devenue une priorité dans le trail running. Même si la Lone Peak n’a jamais été réputée pour sa vitesse, cet embonpoint peut sembler regrettable, surtout lorsque ses concurrentes réussissent chaque année à s’alléger. Passé l’étape de la pesée, passons au reste de l’analyse.

Comme l’an dernier, la marque vante un mesh ripstop sans coutures concernant son empeigne, garant d’une solidité et d’une durabilité accrues pour enchaîner les kilomètres sans souci. Un vrai point fort, surtout quand on se souvient des problèmes rencontrés sur certains modèles passés (je pense notamment à la Timp 3). L’absence de coutures permet non seulement de limiter les points de fragilité, mais aussi d’éviter les frottements, toujours une bonne nouvelle pour vos pieds !

Les principaux changements de cette Lone Peak 9+ se situent sous vos pieds.
Tout d’abord, Altra annonce une évolution de sa mousse Ego pour plus d’amorti, de confort et un meilleur ressenti du terrain. Une promesse alléchante, mais qu’il faudra vérifier sur le terrain ! Côté stack, on reste dans les mêmes proportions que ses prédécesseuses.

Mais la grande nouveauté – et sans doute l’origine du fameux "+" (qui me fait penser à une certification de réseau social) – c’est l’arrivée d’une semelle Vibram ! Exit la MaxTrac (qui, pour l’avoir testée sur les sentiers de La Réunion et Madère, faisait plutôt bien le job), et place au GOAT des semelles extérieures. Un choix judicieux selon moi, surtout pour le modèle emblématique de la marque, qui avait déjà testé cette collaboration sur la Altra Mont-Blanc.

Altra Lone Peak 9+, la semelle Vibram

Toujours fidèle aux fondamentaux d’Altra

Mais que les adeptes d’Altra se rassurent : on reste sur un drop zéro, c’est-à-dire que votre pied est complètement à plat dans la chaussure. Si c’est votre première expérience en drop zéro, une période d’adaptation est fortement recommandée, sous peine de voir vos mollets vous rappeler à l’ordre !
Autre spécificité de la marque : la toe box élargie, qui permet aux orteils de bouger librement. Conçue pour s’adapter au terrain sans contraindre l’avant-pied, elle séduira les coureurs aux pieds larges qui ont parfois l’impression d’être à l’étroit dans d’autres marques.

À quoi ressemble la Lone Peak 9 ?

Altra Lone Peak 9+, l'avant et le pare-pierres

D’année en année, Altra sait faire évoluer le design de la Lone Peak tout en conservant ses codes reconnaissables au premier coup d’œil. Autant j’avais trouvé la version 8 très proche de la 7, autant cette année, la marque a su apporter un coup de frais pour nous proposer une chaussure à l’allure plus dynamique. La marque n’est sans doute pas la meilleure ni la plus reconnue en matière de design, mais il faut avouer que les efforts sont là quand on se rappelle des modèles d’il n’y a pas si longtemps.

Le mesh ripstop croisé est plutôt agréable au regard, et mixé à un pare-pierre du plus bel effet, le mariage est plutôt réussi. Le pare-pierre avant, parlons-en justement. On pourrait dire qu’il est composé de deux éléments. Une première couche fine et souple qui vient épouser assez largement tout l’avant et qui intègre deux empiècements beaucoup plus épais, tout en restant assez souples également. Je trouve intéressant le fait d’avoir séparé cette partie en deux pour permettre plus de mouvement sur l’avant. À confirmer sur le terrain !

La talon de la Altra Lone Peak 9+

Côté laçage, fini le mix : on revient à un système d’œillets simple et efficace, posé sur une languette équipée de deux élastiques latéraux pour un meilleur maintien. Sur le talon, on a toujours un renforcement plutôt rigide qui embarque deux nouveaux empiècements pare-pierre latéraux où sont apposés les nouveaux éléments graphiques du modèle.

Les lacets et la languette des Altra Lone Peak 9+

Allons voir maintenant ce qui se passe sur le bas. Sous une semelle intermédiaire dont la mousse semble en effet un peu plus molle au toucher que les autres années, arrive LA nouveauté ! Celle qui fait lever les foules ! La semelle Vibram Megagrip. La technologie est nouvelle, mais le design reste le même. On a toujours ces gros crampons en forme de chevrons et inversés selon qu’on se place à l’avant ou l’arrière. Le tout en dessinant, comme il est de coutume, une empreinte de pied.

Personnellement, j’ai toujours trouvé que cette semelle marchait plutôt bien. Elle n’est certes, selon moi, pas adaptée pour aller vite, mais elle se révèle très utile pour bien passer les obstacles qui nous sont proposés ! Ah si, on a toujours ce « rebord » qui vient dépasser sur l’arrière. Mais cette année, il est coupé avec un vide au centre. Sur tous les derniers modèles (comme la Nike Zegama 2) que j’ai testés dernièrement, j’ai l’impression que les marques regorgent d’imagination sur cette partie… Réel essai d’innovation ou simple effet de style ?

Zoom sur l'arrière et le talon des Altra Lone Peak 9+

J’oubliais aussi, car ce système a toujours été présent sur les Altra (mais personnellement, je ne crois pas avoir vu quelqu’un s’en servir depuis que je cours, même si j’ai découvert que la marque vendait aujourd’hui l’accessoire), on a toujours le système d’attache guêtre avec une boucle sur l’avant du laçage et un petit scratch au talon.

Côté coloris, on dénombre 6 coloris sur le site d’Altra, dont la version anthracite et orange que nous avons eue entre les pieds, pour les hommes, et 5 pour les femmes. À noter qu’il existe des versions appelées « wide », sans doute un peu plus larges, pour celles et ceux qui auraient le pied très fort.

Le test terrain !

Altra Lone Peak 9+ à tester

L’enfilage est plutôt aisé et aidé au besoin d’une languette arrière (cela dit, on n’en a pas vraiment besoin, la marque aurait pu s’en affranchir pour gagner un peu de poids, par exemple).

Une fois à l’intérieur, pas de doute, on est chez Altra. Le pied a de la place (enfin, il est maintenu quand même, ne vous inquiétez pas !). Pour ce qui est de la sensation, et visuellement, on a toujours cette drôle d’impression de « pied de canard ». J’avais trouvé l’an dernier que le modèle taillait plus grand que les précédents, cette année, j’ai l’impression que le sizing est revenu à la normale (je prends habituellement 1,5 en plus pour anticiper le gonflement du pied).

Après les premiers pas, je trouve la semelle assez rigide malgré les promesses de la marque. Cela dit, le maxi amorti n’a jamais été l’objectif d’Altra et sur les versions 7 et 8, j’avais aussi eu cette impression, mais au fil des sorties (comme sur quasiment toutes les chaussures, vous me direz), j’avais trouvé que la mousse s’était « détendue ». Ne vous attendez cependant pas au moelleux d’une Hoka ou de la dernière Zegama 2 (lire le test).

Côté confort, rien à redire. Comme d’habitude, on se sent bien et en sécurité tout en gardant le fit légèrement plus étroit, je trouve, que la précédente version. Cela ne m’étonne finalement pas que de plus en plus de randonneurs (les vrais hein, pas ceux que l’on voit essayer de trottiner sur les sentiers, car a priori, ce ne sont pas des coureurs selon les amoureux de l’asphalte !) succombent à ce modèle.

Le test de la Altra Lone Peak 9+

Je reprends l’expression de l’an dernier : « on est comme dans des chaussons » et rassure tous les fans absolus de la Lone Peak, vous ne serez pas désorientés !

La Lone Peak 9+ à l'épreuve des sentiers

Sitôt les premiers hectomètres effectués, il n’y a pas de place au doute, on est bel et bien sur une Lone Peak. Cela dit, je note de suite une petite subtilité : à savoir que la nouvelle mousse utilisée par Altra, que j’avais trouvée assez rigide en essai statique, se montre finalement plus molle maintenant qu’on la malmène à un degré supplémentaire. Je vois donc maintenant l’évolution annoncée.

Le test de la Altra Lone Peak 9+

Les kilomètres défilent et les caractéristiques du modèle que je connais restent les mêmes. Une chaussure polyvalente qui passe plutôt bien les difficultés sans se montrer très nerveuse !
Que ce soit en montée ou en descente, sa stabilité est plutôt appréciable lorsqu’il faut prendre des appuis sur des portions un peu plus joueuses. Je trouve aussi la chaussure assez précise. Mais cela est peut-être aussi dû au fait que je suis un habitué du modèle.

En gros, ne cherchez pas à atteindre des pics de vitesse sur un parcours rapide, par contre, vous pouvez lui faire confiance pour vous emmener loin et sans trop d’encombres (enfin, pour peu que tout ce qui est hors chaussure tienne le coup aussi !) sur un parcours varié.

Le test de la Altra Lone Peak 9+

Pour ce qui est de la grosse nouveauté de cette année, à savoir la semelle Vibram, pas de surprise non plus. La qualité que l’on connaît à la marque est là et je trouve l’accroche meilleure que la technologie MaxTrac qui était jusque-là utilisée. Single track, passage de roche un peu humide, portion de sable et racines, rien ne lui résistait sur les parcours sur lesquels je les ai emmenées.

Et la boue, vous me direz ! Eh bien, vu que cette année on est particulièrement bien servis à ce niveau-là, j’ai pu aussi tester le mode sanglier de cette Lone Peak 9+. Bien qu’aucune chaussure ne fasse vraiment de miracles dedans, j’ai toujours trouvé que ce modèle s’en sortait plutôt bien, sans doute du fait de ses larges crampons en chevrons. Eh bien, j’ai à nouveau eu cette sensation, même si on n’est pas non plus sur une Speedcross, soyons honnêtes.

Après une razzia de bornes, comme je l’avais précisé sur le précédent modèle, et à condition d’accepter les deux spécificités de la marque que sont le drop 0 et la large toe box, la Lone Peak sera une parfaite compagne sur des distances allant, selon moi, de 50 à 100 km. En dessous, je privilégierais un modèle sans doute plus racé. Au-dessus, personnellement, j’ai fait des ultras avec cette chaussure, mais je pense qu’il faut être un coureur plutôt léger, car le petit manque d’amorti pourrait se faire ressentir en fin d’épreuve. Ou alors, mixer avec une paire « chausson » pour la seconde partie !

Le test de la Altra Lone Peak 9+

L'avis RunMag sur la Lone Peak 9+

Les années passent et, bien qu’il y ait des petites retouches, on reste sur les ingrédients qui font le succès de cette chaussure. Et au final, est-ce qu’il faudrait qu’elle change vraiment ? La Lone Peak a fait ses preuves et possède un public qui lui est fidèle ! Malgré tout, je trouve dommage qu’elle ait pris un peu de poids cette année, dans un marché qui fait tout pour en perdre ! Cependant, cela est quand même bien contrebalancé par l’arrivée de la semelle Vibram, qui nous offre un gage supplémentaire de qualité, et la nouvelle mousse que j’ai trouvée moins rigide que les précédentes.

En résumé, on est sur une très bonne chaussure de trail qui joue la continuité et qui saura séduire aussi bien ses aficionados que les coureurs qui voudront tenter l’expérience Altra. Mais, comme d’habitude, je ne saurais que trop répéter et conseiller d’observer une période d’adaptation pour profiter complètement du modèle et ne pas connaître quelques désagréments au niveau de vos tendons ou mollets. Et pour ce qui est du prix, un critère quand même important, elle est toujours à 150 €. C’est bien sûr un budget, mais c’est plutôt acceptable pour un modèle plutôt haut de gamme et qui a fait ses preuves, si on compare à d’autres marques.

Pour terminer, nous vous suggérons de tester notre comparateur rundeals.fr qui liste (en particulier) les bons plans sur les Altra Lone Peak. RunDeals, un service développé par RunMag !