Pronation, supination, de quoi parle-t-on ?

Longtemps à la “mode”, ces mots ont fait partie du langage courant du coureur à pied. Sous la houlette de la Clinique du coureur, et d’autres mouvements dans le milieu médical spécialisé dans le sport, ils ont été peu à peu abandonnés. Pronation et supination peuvent-elles être considérées comme des pathologies ? Comment les marques ont tenté de s’emparer de la question ? On décrypte le sujet.

Définition : à chacun sa foulée

La foulée est un élément fondamental en course à pied. Il n’est pas innocent que l’on parle régulièrement de “travailler sa foulée”, “médio-pied”, “travailler son pied”, “améliorer sa foulée”. Toutes ces expressions renvoient à des exercices en lien avec la manière dont on pose le pied au sol lors d’une activité de course (sur route ou non, cela n’a pas d’importance).  La foulée mériterait un article dédié, tant le sujet est vaste. Nous nous intéressons ici simplement au moment où le pied touche le sol. Et cela peut se dérouler de manière très diverse.

En plus de l' opposition entre “attaque médio-pied” et “attaque talon”, qui traite de l’avant ou de l’arrière du pied, on peut aussi s’intéresser à la pose d’un point de vue latéral. C’est là que les termes pronation et supination entrent en jeu. À la pose du pied, si celui-ci a tendance à s’affaisser vers l’intérieur, alors on qualifie la foulée de “pronatrice”. À l’inverse, si le pied s’affaisse vers l’extérieur, on parle de foulée “supinatrice”. Cette caractérisque est concomitante avec une attaque médio-pied ou talon.

Pronation et Supination

Lors de la pose du pied au sol, ce dernier va naturellement appuyer sur l’intérieur (en pronation donc) pour absorber ce choc. Mais cela n’est qu’une première partie de l’appui. C’est sur la seconde partie que l’on juge d’une pronation ou d’une supination de la foulée.

Faut-il s’inquiéter de la pronation ou de la supination ?

On peut donc être qualifié de pronateur, supinateur ou neutre en fonction de notre foulée. Mais il faut bien garder en tête que cela n’est pas une pathologie en soi, comme pourraient l’être d’autres déséquilibres.  On a longtemps considéré, et certains considèrent toujours qu’une supination ou une pronation trop importante pouvait être un “problème” qui pouvait occasionner des blessures. De ce fait, il semblait logique qu’on cherche à développer des produits adaptés afin de corriger ces déséquilibres. Parmi ceux-ci, des chaussures (nous en reparlons dans la dernière partie), mais aussi des semelles orthopédiques réalisées par des podologues. 

Mais s’il y a encore quelques années la tendance voulait que l’on cherche à corriger ces déséquilibres, même sans signe d’alerte (comme une blessure dont on pouvait trouver la cause dans une trop forte pronation ou supination), cela est différent aujourd’hui. Être supinateur ou pronateur n’est pas un problème en soi si cela n’occasionne pas de problème particulier et il n’est pas forcément nécessaire de chercher à s’adapter si tout fonctionne correctement.

Trouver la chaussure adaptée ?

Lire notre article sur la façon de choisir des chaussures de course à pied.

Vous l’aurez compris, si vous ne constatez pas de problèmes - blessure donc, ou gêne/inconfort - particulier, il n’est pas nécessaire de vouloir corriger un déséquilibre de pronation ou de supination (contrairement à une “attaque talon”, qu’on peut vouloir faire évoluer vers une attaque médio-pied, mais cela n’est pas le sujet ici). Il y a quelques années, la majorité des marques intégrait cette problématique dans la conception d’une chaussure. Cela est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Pour le dire clairement, il y avait une grosse part de marketing dans tout cela et sans tomber dans la critique pure et simple de la communication faite autour des technologies intégrées aux chaussures, cela mérite d’être reconnu.

Asics GlideRide - Vue sous la semelle en courant

La pause du pied, véritablement intrinsèque au coureur.

Lorsqu'une blessure est liée à un déséquilibre de cette nature, il semble préférable d’en discuter avec un podologue ou un ostéopathe, pour traiter le problème de façon profonde. En effet, n’oublions pas qu’une chaussure va s’user et dès lors, la correction qu’elle pouvait apporter n’est qu’éphémère. Par ailleurs, on conseille généralement d’utiliser des semelles orthopédiques avec des chaussures dites “universelles”, qui ne cherchent à corriger ni la pronation ni la supination (l’extrême majorité des modèles en réalité).

Pour conclure, pronation et supination ne sont que des caractéristiques propres de la foulée. Ces déséquilibres peuvent être corrigés si ils sont la cause de blessures, mais dans la majorité des cas, il convient de ne pas trop y prêter d’attention.